Roman chanté compté « Tout à coup je ne suis plus seul » Gallimard Collection l’Arbalète
Ce roman chanté compté suit le héros Laurence Sterne d’Irlande en Picardie, de Champagne en Allemagne et au Pays-Bas. C’est un nouveau voyage sentimental qui tourne le dos à l’Amérique et explore le lien entre la courtoisie médiévale (le roman de la rose) et la légèreté baroque du XVIIIè siècle, (Bach et Mozart), posant une figure européenne encore à venir.
Ce quatrième volume dans la série de la Maye est le symétrique de van Eyck et les rivières
1.
Je m’appelle Laurence Sterne.
Mon nom sonne Français.
Laurence en français est féminin.
Sterne aussi est féminin.
Sterne est l’hirondelle de mer.
Je suis hirondelle de mer.
Je vole au ras des vagues de la Manche ou de la mer du Nord.
Je zigzague sur les crêtes et les creux de la langue.
J’appartiens à la faune phonétique migratrice.
Sterne veut aussi dire les étoiles en allemand.
Je suis une petite hirondelle de mer naviguant selon les étoiles.
Joli n’est-ce pas ?
2.
Mon nom sonne français.
Je suis Anglais.
Je ne suis pas vraiment Anglais.
Je suis Irlandais.
3.
Les Irlandais ont la réputation d’être bavards.
Je ne ferai rien pour contredire.
Contredire demande plus de paroles que dire.
4.
Un Irlandais qui parle le français en France demande explication.
5.
L’explication est simple.
J’aime les frontières.
J’aimerais pouvoir vivre dans une frontière.
Non pas à cheval sur.
Dans.
6.
Dans la géographie du temps.
Vivre simultanément.
Dans la simultanéité de plusieurs espaces.
Plaines collines vallées montagnes.
Se recouvrant.
Se chevauchant.
7.
Chevalier de la simultanéité.
8.
Géologue de l’actuel.
Préhistorien du présent.
Boucher de ses pertes.
(Ceci est un jeu de mots)